Comment améliorer la santé mentale au travail ? 

Des leviers combinés pour le bien-être individuel et la performance organisationnelle

La santé mentale au travail est un enjeu majeur, non seulement pour les individus, mais aussi pour la pérennité des organisations. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la santé mentale est définie comme « un état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté ». Cette définition met en lumière l’importance de la santé mentale, qui va bien au-delà de l’absence de troubles et englobe un environnement de travail propice à l’épanouissement personnel et à la performance.

Bien que les concepts de Qualité de Vie et des Conditions de Travail (QVCT) et de bien-être au travail soient souvent utilisés de manière interchangeable, il est essentiel de les différencier. La QVCT se concentre principalement sur les actions collectives et organisationnelles mises en place pour prévenir les risques psychosociaux et créer des conditions de travail favorables. Le bien-être au travail, quant à lui, fait référence à l’engagement personnel des individus pour prendre soin de leur propre santé mentale, en mettant en place des pratiques qui favorisent leur épanouissement au quotidien.

Cet article a pour objectif de clarifier la distinction et l’intérêt d’agir sur ces deux leviers de manière complémentaire pour garantir une santé mentale optimale au travail et permettre à l’activité de se pérenniser sainement.

1. La Qualité de Vie et des Conditions de Travail (QVCT) : approche globale et organisationnelle

Initialement, on parlait de Qualité de Vie au Travail (QVT), qui se concentrait uniquement sur l’amélioration du bien-être des individus au sein de l’organisation. Cette approche visait principalement à améliorer les aspects psychologiques et sociaux du travail, en prenant en compte la satisfaction des employés, la gestion du stress, l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle, et le développement personnel.

Cependant, depuis l’intégration du concept de QVCT (Qualité de Vie et des Conditions de Travail), l’approche s’est considérablement élargie. La QVCT va au-delà du bien-être individuel pour inclure les conditions matérielles de travail et la prévention des risques professionnels, y compris les risques psychosociaux (RPS). Elle cherche à améliorer l’ensemble des aspects du travail : l’organisation du travail, les conditions physiques (comme l’ergonomie et la sécurité), et les processus de gestion des risques.

La QVCT adopte donc une approche systémique, considérant les dimensions organisationnelles, matérielles, sociales et individuelles, de manière interconnectée pour favoriser un équilibre durable.

Elle repose sur des leviers tels que :

La mise en œuvre de la QVCT suivant une démarche structurée et encadrée par des obligations légales, notamment la mise à jour du DUERP (Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels) pour évaluer les risques psychosociaux (stress, violences, épuisement professionnel) et les conditions de travail. Elle comprend également l’application du PAPRIPACT (Plan d’Action pour la Prévention des Risques Psychosociaux et de l’Amélioration des Conditions de Travail), deux démarches fondamentales pour identifier et prévenir les risques à plusieurs niveaux :

La prévention primaire, qui vise à éliminer ou à réduire les risques avant qu’ils ne surviennent, en agissant sur les facteurs de risque.

Par exemple : amélioration de l’organisation du travail, formation des managers, aménagement des postes de travail, mise en place de programmes de bien-être au travail, réduction de la pression sur les délais, promotion de l’équilibre travail – vie personnelle, amélioration de la communication interne, etc.

La prévention secondaire, qui vise à réduire les atteintes à la santé des personnes en les aidant à mieux gérer les situations à risques, identifier et traiter tôt les signes de stress ou d’épuisement.

Par exemple : évaluation des risques, analyse des tensions au sein des équipes, mise en place de dispositifs de soutien psychologique, mise en place d’ateliers de gestion du stress, création d’un espace de discussion pour les employés, surveillance des indicateurs de bien-être, écoute des collaborateurs, etc.

La prévention tertiaire, qui vise à limiter l’impact des risques, accidents ou incidents sur les individus. Il s’agit davantage d’actions curatives.

Par exemple : mise en place de cellules d’écoute et de soutien psychologique, enquêtes et actions de conseil (par exemple, pour des cas de harcèlement moral ou sexuel), suivi médical, ajustement des tâches, aménagement de retour au travail, reclassement ou accompagnement à la reconversion professionnelle, etc.

Loin de se limiter aux conditions matérielles et aux risques, la QVCT doit également viser à instaurer une culture d’entreprise positive, en intégrant le bien-être psychologique comme une priorité à tous les niveaux. Cela implique de favoriser des pratiques organisationnelles comme :

  • Les prises de décision participatives renforcent l’implication, la motivation, la transparence et la collaboration, tout en améliorant la qualité des décisions et en réduisant les tensions, créant ainsi un environnement de travail plus harmonieux et impliqué.
  • Encourager une communication fluide et transparente à tous les niveaux, avec une écoute active,  renforce la confiance, favorise la collaboration, réduit les malentendus et motive les employés en créant un environnement de travail plus sain et productif.
  • Valoriser régulièrement les contributions des employés, par des retours positifs, des récompenses ou des opportunités de développement personnel, renforce leur motivation et leur sentiment d’appartenance.
  • Valoriser la diversité des talents et créer un environnement inclusif permet à chacun de se sentir accepté et soutenu, renforçant ainsi la cohésion et l’innovation au sein de l’entreprise.

Ainsi, la QVCT repose sur une vision globale de la gestion des conditions de travail, où la prévention des risques psychosociaux (RPS) est effectivement un axe important, mais où l’organisation dans son ensemble joue un rôle clé dans la construction d’un environnement de travail sain et durable.

2. Le bien-être au travail : une dimension personnelle et humaine

Le bien-être est en partie un parcours personnel, c’est un ensemble d’actions et de réflexions personnelles que chaque individu peut adopter pour cultiver son épanouissement. Contrairement à la QVCT, qui se concentre sur des actions collectives et organisationnelles, le bien-être au travail invite chaque personne à prendre des initiatives personnelles pour préserver sa santé mentale. Si le cadre professionnel influence le bien-être, l’individu peut aussi activer des leviers pour améliorer son expérience au quotidien.

Voici quelques leviers individuels à activer pour favoriser le bien-être au travail :

  • Favoriser un sentiment d’accomplissement : trouver du sens dans ses tâches, valoriser ses réussites et célébrer les petites victoires quotidiennes. Cela permet de renforcer la motivation et la satisfaction professionnelle, tout en réduisant le stress.
  • Investir dans son développement personnel et professionnel : développer de nouvelles aptitudes, participer à des formations ou rechercher des opportunités pour progresser dans sa pratique, favorise non seulement l’épanouissement personnel mais aussi l’engagement au travail.
  • Être à l’écoute de son état émotionnel et physique : s’écouter et observer ses émotions sans jugement, avec bienveillance, cela permet par exemple de mieux comprendre son niveau de stress et de fatigue. 
  • Prendre soin de son bien-être : pratiquer des activités relaxantes comme la méditation ou l’exercice physique, prendre des pauses régulières ou ajuster sa posture au quotidien sont des gestes simples pour maintenir une bonne santé mentale et physique.
  • Demander du soutien : se sentir libre de solliciter de l’aide lorsqu’on ressent une surcharge émotionnelle ou professionnelle. Que ce soit auprès des collègues, du responsable, ou via les ressources de l’organisation (médecine du travail, infirmier du travail, préventeur, etc.), demander du soutien est essentiel pour préserver son équilibre mental.

En activant ces leviers individuels, chaque personne peut améliorer son bien-être au travail, renforcer son équilibre personnel et prévenir le stress. Toutefois, il est important de noter que ces actions individuelles sont d’autant plus efficaces lorsqu’elles s’inscrivent dans un cadre organisationnel propice, comme celui de la Qualité de Vie et des Conditions de Travail (QVCT), qui favorise la promotion de la santé mentale et crée un environnement de travail protecteur. Ainsi, une QVCT bien développée peut faciliter l’adoption de ces leviers, tout en agissant en prévention, et vice versa, ces leviers personnels renforcent la résilience face aux défis du travail.

De l’épanouissement personnel à la performance collective : combiner les leviers organisationnels et individuels pour une activité pérenne et engagée

La santé mentale au travail repose sur une collaboration équilibrée entre les actions des organisations et celles des individus. Souffrance, mal-être et dysfonctionnements sont souvent le résultat de conditions de travail inadéquates, où l’absence de mesures préventives et de soutien peut multiplier les risques psychosociaux et les tensions. Cependant, ces réalités ne sont pas une fatalité. Elles peuvent être évitées grâce à une approche préventive combinant les efforts des deux parties.

Les organisations, en tant que créatrices de l’environnement de travail, doivent mettre en place une démarche QVCT solide, incluant la prévention des RPS, l’aménagement des conditions de travail, et le soutien à la formation et à la santé mentale. Ces leviers organisationnels sont essentiels pour créer un cadre propice à l’épanouissement des collaborateurs, réduire les risques et transformer les sources de stress en opportunités de croissance et de performance. Cela permet également de garantir une pérennité organisationnelle et de renforcer l’implication des salariés, ce qui bénéficie directement à la notoriété de l’entreprise.

Cependant, cela ne suffit pas. Les individus ont également un rôle clé à jouer dans leur propre bien-être. Être à l’écoute de soi, prendre soin de son équilibre et s’investir dans son développement personnel sont des actions puissantes pour prévenir l’épuisement et éviter la souffrance. L’objectif n’est pas de porter seul le fardeau de la souffrance, mais de se mobiliser activement pour trouver des solutions, ajuster son quotidien et demander de l’aide lorsque nécessaire.

Finalement, la combinaison de ces efforts, à la fois organisationnels et individuels, mène à un équilibre durable où l’épanouissement des salariés se conjugue avec la performance de l’entreprise. C’est ainsi que l’on passe du mal-être et des dysfonctionnements à un environnement de travail sain, respectueux, motivant et productif. Quand l’organisation et l’individu collaborent pour créer un cadre de travail positif, chacun peut atteindre son plein potentiel tout en préservant sa santé mentale, ce qui assure la performance, la qualité et la pérennité de l’organisation.

Le sujet vous parle ? Voici quelques questions à se poser : 

Pour les organisations :

Comment intégrer le bien-être psychologique dans nos pratiques quotidiennes pour soutenir nos collaborateurs ? Quelles actions concrètes pouvons-nous mettre en place pour améliorer les conditions de travail et prévenir les risques psychosociaux ? Comment impliquer tous les niveaux de l’organisation dans la démarche QVCT pour assurer son efficacité ? De quelle manière pouvons-nous évaluer et ajuster régulièrement l’impact de nos initiatives en matière de bien-être au travail ? 

Pour les individus :

Comment puis-je prendre soin de mon équilibre personnel au travail au quotidien ? Suis-je suffisamment à l’écoute de mes besoins et de mes limites pour éviter l’épuisement ? Quelles actions concrètes puis-je entreprendre pour préserver ma santé mentale au travail ? Est-il temps d’ajuster mon quotidien professionnel pour mieux concilier performance et bien-être ?